La quantité de combustibles fossiles cotés sur les marchés de capitaux mondiaux est supérieure à celle pouvant être brûlée, pour limiter le réchauffement de la planète à deux degrés.

Le plafond de deux degrés est largement admis concernant le réchauffement de la planète et de nombreux gouvernements ont déjà commencé à prendre des mesures. Publié en 2011, notre premier rapport sur le carbone non exploitable, nous avons quantifié pour la première fois les répercussions d’un dépassement de ce plafond, par entreprise et par bourse. Nous avons souligné qu’à aucun stade de la chaîne financière, les acteurs sur les marchés de capitaux ne reconnaissent, et encore moins ne quantifient la possibilité que les gouvernements tiennent leurs engagements, ou une partie de leurs engagements, en ce qui concerne la limitation des émissions. Nous avons signalé ce dysfonctionnement et esquissé les mesures que les acteurs de la chaîne financière, du moins les régulateurs, devraient prendre pour dégonfler la bulle carbone en formation.

Dans ce deuxième rapport, nous creusons la question. Pour ce faire, nous nous réjouissons de notre partenariat avec le Grantham Institute et Lord Stern, l’une des principales autorités sur l’économie du changement climatique. Les travaux de Carbon Tracker sont désormais repris par des banques comme HSBC et Citigroup, ainsi que par l’agence de notation Standard & Poor’s pour alimenter leur réflexion sur ce que pourrait impliquer un budget carbone pour les scénarios d’évaluation des entreprises publiques. L’AIE réalise une étude spéciale sur le lien énergie-climat qui examinera la bulle carbone. Avec nos partenaires, nous avons présenté notre rapport au Comité de stabilité financière de la Banque d’Angleterre. Nous sommes impatients de connaître leur réaction à cette analyse.

À la lumière de tous ces éléments, et conscients des enjeux liés à la bulle carbone, nous espérons que notre deuxième rapport sera utile pour le plus grand nombre de lecteurs possible. Nous reconnaissons qu’il s’agit d’un exercice d’atténuation des risques nécessitant l’implication de bien d’autres acteurs que les analystes des marchés de capitaux et les économistes. Étant donné les enjeux pour la valeur des retraites, par exemple, si la bulle carbone continuait à grossir, le grand public finirait sûrement par être touché. Par conséquent, nous nous réjouissons du large écho dont a bénéficié notre message sur le carbone non exploitable depuis notre premier rapport, notamment dans l’article très cité de Bill McKibben paru en août 2012 dans le Rolling Stone Magazine, intitulé « Global Warming’s Terrifying New Math » et la campagne « 350.org » qui s’est ensuivie. Nous saluons cet engagement public et espérons que l’analyse approfondie proposée dans ce rapport donnera lieu à de nouvelles manifestations de soutien.